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Le TOP – trouble oppositionnel avec provocation – correspondrait à un trouble du comportement observable avant tout chez les enfants et les adolescents. Il est caractérisé, selon le DSM – c’est-à-dire le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux – par des comportements d’opposition, d’hostilité et de défiance envers les adultes et plus largement, envers les règles et consignes et leurs représentants.



Concrètement, il s’agit là d’enfants pouvant se montrer grossiers, colériques, susceptibles, ne supportant pas la frustration. Il ne s’agit pas d’une période habituelle du développement de l’enfant mais d’un rapport à l’autre et aux règles qui s’inscrit dans le temps et se systématise.


Un enfant se construit dans un certain environnement et compose avec les repères, plus ou moins ténus, qui sont mis à sa disposition le temps qu’il puisse assurer sa propre subsistance et être en mesure de prendre des décisions par et pour lui-même.


Une mère de famille reconnaissait courageusement, lors de sa première séance de psychothérapie, qu’elle avait retardé pendant des années le fait d’aller consulter tout en sachant que ses propres souffrances avaient des conséquences néfastes pour le développement de ses enfants. Lors de cette première séance, elle affirma que ses enfants allaient mal parce qu’elle ne se soignait pas elle, préférant les conduire eux en psychothérapie sans que cela ne produise d’effets notables. Je dis que cette reconnaissance est courageuse car la blessure narcissique qui accompagne une telle reconnaissance peut être douloureuse, au point que certains préfèrent la noyer dans le déni, la dénégation, ou la culpabilité et faire comme si leur propre vie psychique n’avait pas d’incidence sur la vie psychique de leur(s) enfant(s).


Ce dont témoigne cette femme, c’est ce que repère Maud Mannoni, psychanalyste, et dont elle parle en ces termes :


« Ce qui apparaît comme nuisible au sujet [c’est-à-dire à l’enfant], c’est le refus des parents de voir ce désordre, leur effort en parole, pour y substituer un ordre qui n’en est pas un. Ce n’est pas tant la confrontation de l’enfant avec une vérité qui est traumatisante, mais bien sa confrontation avec le « mensonge » de l’adulte (c’est-à-dire son fantasme). Dans son symptôme, c’est bien ce mensonge qu’il présentifie. Ce qui lui fait du mal, c’est non tant la situation réelle, que ce qui, dans cette situation, n’a pas été clairement verbalisé. » (1)


C’est pour cette raison que le symptôme d’un enfant comme peut l’être un « Trouble oppositionnel avec provocation » est une invitation, pour le clinicien, à rencontrer le père et la mère de celui-ci et à leur proposer d’engager un travail psychique pour eux-mêmes. Cela n’empêche bien évidemment pas de recevoir l’enfant s’il le désire.


(1) Mannoni, M. (1965). Le premier rendez-vous avec le psychanalyste, Paris, Gallimard, 1988, p. 122.



Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è