Certaines personnes témoignent d’une difficulté à s’engager dans leur vie qui, à mesure que celle-ci persiste, les fait souffrir. Cette difficulté peut affecter un champ en particulier, comme la vie professionnelle, ou encore la vie amoureuse, mais elle peut aussi s’être généralisée et se révéler à l’œuvre dans tous les domaines de la vie.
Bien souvent, une ambivalence lui est sous-jacente : une souffrance peut être reconnue, mais un certain contentement à ce type de fonctionnement peut venir retarder la prise de décision de s’engager autrement avec soi-même. Car si les relations à l’autre peuvent être prétextées comme étant la cause de ce type de fonctionnement (des partenaires décevants avec lesquels s’engager n’est pas perçu comme plaisant, ou encore des supérieurs qui ne managent pas correctement), la répétition de situations similaires pousse généralement à opérer un changement de point de vue, jusqu’à parvenir à la question : quelle est ma part de responsabilité dans cette affaire ?
Il n’y a bien évidemment pas une manière de vivre sa vie, mais au contraire autant que d’êtres humains. La boussole ne peut donc pas être normative. En revanche, la souffrance psychique, ou bien une affection corporelle, sont des indicateurs, au cas par cas, d’un conflit psychique qui bien souvent ne se sait pas encore. Tenu inconscient, il rejaillit sous forme de symptômes et maintient dans un immobilisme plus ou moins prononcé.
L’impulsion d’aller rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste constitue dès lors un premier pas vers soi-même, impliquant de reconnaître sa souffrance et d’ouvrir la possibilité de faire sans. Le second, qui s’inscrit dans une logique temporelle propre à chacun, implique une dépossession de cette souffrance, qui ne va pas sans l’acceptation du fait-même de perdre : perdre le droit de faire n’importe quoi n’importe comment par exemple, ou bien perdre les bénéfices pouvant accompagner certaines expressions symptomatiques. Cette notion de perte qui accompagne toute construction implique un rapport pacifié à l’autre, ou il ne s’agit plus de se positionner avec ou contre, mais qui implique une référence à une éthique qui guide ses actions.
La construction de cette éthique peut se faire au cours d’une psychanalyse.
Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è