L’époque actuelle est notamment caractérisée par diverses expressions d’un refus de l’engagement. Ce refus concerne aussi bien le champ de la consommation, avec les multiples abonnements auxquels il est désormais possible de souscrire sans engagement et donc sans délai de rétractation, que la construction d’une vie et les grands domaines qui la composent, à commencer par le champ professionnel et la vie amoureuse.
Si par exemple, il y a encore quelques décennies, l’accomplissement professionnel était largement associé à un engagement qui impliquait valeurs, efforts et endurance, la tendance va aujourd’hui davantage dans le sens d’une rupture que d’un intérêt pour construire une solution lorsqu’une difficulté se présente. Les raisons sont bien évidemment plurifactorielles.
De la même manière, la rencontre amoureuse ne tarde généralement pas, passé l’élan des premiers instants, à faire naître une multitude de difficultés plus ou moins importantes, conséquences incontournables de la rencontre de deux êtres distincts et donc pensant différemment l’un de l’autre. L’une des réactions à ces difficultés peut alors être de refuser tout engagement dans cette relation, ceci dans le but de ne pas en souffrir.
Cependant, pour un certain nombre de personnes ayant adopté cette stratégie durant des années, l’approche de la quarantaine et du temps qui passe peut les pousser à lire différemment ces choix de vie et cette manière avec laquelle ils ont, depuis le début de leur vie adulte ou de leur adolescence, parfois même encore plus tôt, contourné toute décision qui les aurait engagés auprès d’une structure ou d’une personne. Ce qu’ils ont activement mis en place, en le revendiquant comme un mode de vie assumé, se mue alors en regret, et les pousse à lire leur refus de toute forme d’engagement comme une peur qu’ils avaient avant tout vis-à-vis d’eux-mêmes. L’éventail de cette peur est alors d’une grande variété.
Commencer une psychothérapie ou une psychanalyse relève d’un engagement : un engagement vis-à-vis de soi-même, une manière de s’aligner avec son désir et non plus avec ses peurs. Loin d’être un parcours linéaire et sans embuche, il constitue au contraire une traversée de contrées obscures et bien souvent déplaisantes mais qui, même en les méconnaissant, n’en demeurent pas moins présentes psychiquement, avec toutes les incidences, conscientes et inconscientes, qui lui sont associées.
Chloé Blachère
psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è
