Certaines personnes constatent, à mesure que les années passent, que les situations qu’elles considèrent comme des situations d’échec se répètent, malgré les occasions d’évoluer qui se présentent dans leur vie. Il n’est pas rare alors que ce constat vienne nourrir le rejet de soi-même, la dévalorisation, la déception, pouvant aller jusqu’à la haine de soi. Avec les années, cette manière de faire et d’être avec soi-même devient automatique, et même la prise de conscience des mécanismes de mise en échec à l’œuvre n’est pas suffisante à adopter une nouvelle manière d’être.
Pour certains, désireux de ne plus souffrir et parfois aussi de savoir sur leur désir inconscient, le travail en psychothérapie ou en psychanalyse dévoile progressivement une organisation psychique mise en place très tôt dans l’enfance. Un conflit de loyauté peut alors voir le jour, lié à des relations aux parents qui, si elles peuvent d’abord apparaître paisibles ou apaisées (que ce soit dans des liens qui paraissent équilibrés ou au contraire dans une distance prise), n’empêchent pas qu’une logique psychique inconsciente différente perdure, mettant en échec toute possibilité de plaisir dans un ou plusieurs champs de la vie quotidienne : la vie amoureuse, le travail, ou encore la vie sociale. Pour certains qui arrivent à un tel constat, cette découverte peut être déroutante tant elle déjoue la logique consciente issue de la perception des relations entretenues dans la vie réelle. Pourtant, en parallèle de la perception et des agissements conscients, l’association libre des pensées en psychothérapie ou en psychanalyse révèle qu’une organisation inconsciente coexiste et participe aux choix qui peuvent être faits dans une vie. Ainsi, la manière dont une personne construit son existence est guidée par une double logique, consciente et inconsciente.
Le cheminement en psychothérapie ou en psychanalyse permet d’être davantage familier de son inconscient et de traverser puis de régler des conflits, notamment de loyauté, qui peuvent sinon nourrir le rejet de soi, et ce durant toute une existence. Car si le temps permet de panser certaines blessures, il ne les règle pas pour autant. C’est ce que révèle le parcours de certaines personnes qui, après des décennies, constatent qu’avoir mis certaines difficultés sous le tapis ne les a pas fait disparaître, et que la souffrance qui leur est associée ne s’est finalement pas estompée.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è