Des études révèlent que les personnes sujettes aux migraines sont généralement plus anxieuses et ont des tendances dépressives significativement plus importantes que la population générale. Pour autant, quelles conclusions peut-on tirer d’un tel constat ? Est-ce l’anxiété et les traits dépressifs qui facilitent la survenue de migraines ou bien les migraines qui ont pour conséquences une anxiété accrue et une tendance à la dépression ?
En parallèle de la prise en charge médicale pouvant en être faite, la migraine peut être considérée, d’un point de vue psychique, comme une expression d’un conflit inconscient que le travail d’association libre en séance de psychothérapie ou de psychanalyse va permettre progressivement de dévoiler. Cette méthode, non interventionniste, permet de respecter la temporalité psychique propre à chaque personne. Sans le respect de cette temporalité, le risque de déplacement de symptôme est important. En effet, d’un point de vue psychanalytique, un symptôme est appréhendé comme une tentative de solution, une manière inconsciente de chercher à guérir d’une souffrance qui, à un moment donné de la vie d’un être, l’a mis en difficulté. Toute la vie psychique s’est dès lors construite à partir de cette tentative de résolution, c’est-à-dire en intégrant le symptôme. C’est pour cette raison qu’il n’est possible ni pour le clinicien ni pour le patient de connaître par avance la durée que prendra son traitement psychique. Celui-ci avancera à la mesure de ce qui est tolérable psychiquement de dévoiler, sans traîner, mais sans forcer non plus la cadence.
C’est à mesure que le travail d’association libre des pensées progresse au cours de la cure que le patient (en psychothérapie) ou le psychanalysant (en psychanalyse) sera en mesure d’interpréter les migraines qui le font souffrir, tout comme l’origine et la fonction que celles-ci jouent dans son économie psychique. Ce travail de dévoilement s’accompagne bien souvent d’un apaisement des symptômes, jusqu’à conduire à leur résolution. Cette résolution est rendue possible grâce à la construction, durant le travail psychanalytique, de nouveaux canaux libidinaux qui, une fois rendus suffisamment opérants, permettent aux migraines de n’avoir plus de raison d’être.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è
