Les nombreux préconçus sur les séances chez le psy
C’est généralement parce qu’une personne souffre psychiquement qu’elle s’oriente vers un professionnel spécialisé en santé mentale. Dans ce contexte, il arrive fréquemment qu’une personne prenne rendez-vous avec un psychothérapeute ou un psychanalyste pour avoir des conseils et savoir quoi faire dans un moment de vie difficile. Cette attente, et la demande plus ou moins explicitement adressée au clinicien de lui apporter les réponses, sont souvent accompagnées d’idées précises sur le cadre des séances. L’un prendra appui sur des films ou séries visionnés, un autre sur les dires d’amis, un autre encore sur des expériences faites par le passé, etc. Ainsi selon ce que chacun projettera de ce cadre, cela donnera : « les séances durent 1h », pour d’autres « normalement un rendez-vous chez le psy dure 30 minutes » ; « la fréquence des séances est d’une fois par semaine », pour d’autres ce sera une fois par mois, pour d’autres encore trois fois par semaine ; certains penseront que « c’est au psy de poser des questions, de réconforter », d’autres que « la durée du traitement doit être préétablie et comporter des points d’étape », etc.
Ces préconçus, lorsqu’ils existent, varient d’une personne à l’autre. En réalité ils prennent autant de formes qu’il existe de personnes. Parmi ces personnes, certaines parviennent à se laisser surprendre par le cadre proposé par le clinicien, et d’autres s’y refusent et préfèrent remettre en cause la démarche clinique proposée par le clinicien plutôt que d’interroger ou de mettre de côté leurs croyances. Indépendamment de la compréhension du cadre clinique proposé, la question de la confiance accordée au professionnel rencontré est ici déterminante.
La psychanalyse ou la psychothérapie avec psychanalyste : une aventure humaine à la rencontre de soi-même
Ces recherches de repères se présentent comme une tentative de contrôle d’une situation dans ce qu’elle peut comporter d’angoissant. En effet, la psychanalyse, tout comme la psychothérapie avec psychanalyste, est caractérisée par la règle fondamentale déclinée au début du traitement, à savoir « Associer librement ses pensées ». Si cette indication clinique est évidente pour certains, elle ne l’est pas pour d’autres pour qui elle produit, plus ou moins rapidement, un sentiment d’insécurité : tout d’un coup il est possible et même indiqué de parler ses pensées sans veiller à les modeler par le discours social, par un souci de cohérence, d’efficacité ou de logique, mais ses pensées, comme elles viennent à l’esprit, même si elles sont désagréables, pas convenues, contradictoires, incohérentes, gênantes, énigmatiques, etc.
Cette règle clinique est fondamentale en ceci qu’elle permet d’accéder au matériel inconscient qui a été refoulé et qui est donc inaccessible à la pensée consciente. Et ce savoir inconscient est ce par quoi les nœuds psychiques ayant causé les souffrances qui ont conduit un être à venir consulter vont être dénoués. Il s’agit d’un savoir sur soi-même, subjectivant, et dont les effets vont permettre de construire un positionnement à soi-même et au monde au fur et à mesure que la cure progresse. Cette perspective clinique place le désir de savoir de l’être au cœur du processus. Ici, la résolution d’un symptôme n’est pas visée comme telle, mais elle représente un indicateur clinique de l’évolution du traitement.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è