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Les thérapies brèves, très en vogue actuellement de par leur format court et des résultats rapides, favorisent une approche ciblant un symptôme et sa résolution. Une personne, par exemple, souffrant d’une agoraphobie, travaillera ce point précis et, quelques séances plus tard, aura diminué de manière significative la gêne que cette peur intense lui occasionnait. Ces effets sont réels mais bien souvent de courte durée. En effet l’observation clinique révèle que dans l’économie psychique d’une personne, le symptôme joue un rôle important et ne peut, de ce fait, être éliminé sans courir le risque de créer un déséquilibre qui ressurgira d’une autre manière.



Aussi, de nombreuses personnes, ignorant cette place qu’occupe le symptôme psychiquement et pensant initialement gagner du temps et de l’argent, se voient finalement commencer un nouveau travail psychologique pour régler la nouvelle cause de leur souffrance. Ces fragments de thérapies peuvent parfois s’additionner à mesure que les années passent. Et finalement, les critères de temps et d’argent qui avaient participé au choix du traitement ne s’avèrent pas concluants. A trop vite vouloir régler une difficulté, le risque est de passer à côté, et de la contourner sans l’avoir traversé.
Cette traversée demande un certain renoncement quant à la volonté de contrôle du processus initié par la psychothérapie. Ce renoncement peut être difficile à accepter, dans les premiers temps du moins. Il peut en effet alimenter un certain nombre de fantasmes, parmi lesquels celui de se faire avoir, d’être manipulé, dominé, etc. Ces fantasmes, la technique psychanalytique propose de les mettre au travail et, en en tirant le fil à mesure des séances, d’en explorer les racines plus anciennes qui ont tissé un tel rapport à l’autre.



Cette traversée demande également, de ce fait, un certain courage. Car en effet, elle implique d’aller explorer des pensées dont le premier élan serait au contraire de les tenir éloignées de la conscience. Accepter de parler ces pensées en séance engage l’être dans un rapport de vérité avec lui-même et donc, par extension, avec l’autre. Cette exploration de l’inconscient induit généralement une diminution, voire une disparition du symptôme qui n’a plus de raisons d’être agi à mesure qu’il est parlé dans le cabinet de psychanalyse.



La durée de ce traitement ne peut être connue par avance dans la mesure où elle est façonnée par de nombreux éléments, notamment la fréquence des séances et les résistances psychiques à l’œuvre. Mais l’expérience révèle que pour qui vient à ses séances et y associe librement ses pensées, le positionnement subjectif s’en trouve transformé, y compris dans son rapport au symptôme.



Chloé Blachère,
Psychothérapeute à Paris 18è