La crise sanitaire qui touche la France et le monde depuis un an et demi a entraîné une forte mobilisation des soignants, qu’ils exercent en ville ou en institution. En effet, les médias ont beaucoup communiqué, notamment lors de la première vague, sur les conditions de travail de ces équipes de professionnels. Ce sont les services hospitaliers dédiés à la prise en charge de personnes atteintes de la Covid-19 qui ont tout particulièrement été éprouvés, du fait de l’urgence de ces hospitalisations et de la saturation de ces unités. Pourtant, bien d’autres services ont été affectés par cette réorganisation des soins et du personnel repositionné sur ces unités spécialisées. C’est donc tout le paysage médical et paramédical qui a été bousculé par la pandémie.
Quelle répercussion pour le personnel médical et paramédical ?
Dans ce contexte, nombreux sont les professionnels dont les compétences ont été mises à profit. Toutes les ressources humaines ont été mobilisées, notamment des retraités et des étudiants (infirmiers, médecins, etc.).
Après quelques mois écoulés, les premières manifestations post immédiates de la gestion de la première vague commencent à se faire sentir et certains de ces professionnels, qu’ils soient expérimentés ou non, témoignent d’une anxiété qui a fait son apparition dans ce contexte et qui, depuis, n’a plus disparu. Elle peut être circonscrite au champ professionnel mais peut, pour certains, avoir également imprégné la vie au quotidien.
Si cette anxiété peut avoir trouvé un terrain fertile dans ce contexte sanitaire exceptionnel et, qui plus est, très difficile à gérer à différents niveaux (d’un point de vue personnel, mais aussi d’un point de vue professionnel, avec les contraintes spécifiques qui sont rattachées au métier exercé), les racines de cette anxiété sont généralement antérieures et liées à des événements de nature bien différente, même s’ils ne sont pas identifiés comme tels consciemment.
Les professionnels médicaux, de plus en plus attentifs au soin psychique
Entre épuisement et anxiété, nombreux sont les professionnels de santé qui passent la porte du cabinet de psychothérapie et de psychanalyse. Poussés par le désir d’aller bien, par une soif de parvenir à articuler leur vie personnelle avec leur engagement professionnel, et une exigence de mettre à profit leurs compétences techniques et humaines, ce travail psychique qu’ils engagent se révèle bien souvent précieux pour ces différents champs de leur vie, sans plus que l’un s’épanouisse au détriment de l’autre.
Si, auparavant, un certain nombre de professionnels du corps médical pouvait manifester une certaine réticence à aller eux-mêmes consulter psychologues, psychothérapeutes ou psychanalystes, ces dernières années ont montré une réelle évolution du regard que ces professionnels portent sur leur propre prise en charge psychique. Ce changement de regard ne peut qu’être profitable, que ce soit pour eux-mêmes, en premier lieu, mais aussi pour l’ensemble des personnes dont ils prennent soin quotidiennement. Cette attention au soin psychique – partant du principe que chaque être humain doit composer avec sa vie psychique et qu’en prendre soin n’est pas réservé aux fous ou aux plus fragiles -, contribue à tisser une articulation entre les dimensions psychique, corporelle et organique qui composent une personne, sans plus que ces différentes dimensions ne soient prises qu’isolément.
Chloé Blachère
Psychothérapeute à Paris 18è