La crise sanitaire qui dure depuis maintenant plus d’un an produit des effets dans de nombreux domaines, dont celui du travail. Cette évolution du rapport qu’entretiennent les travailleurs à leur emploi prend des formes très variées.
Les nouveaux rapports au travail
En effet pour certains, leur travail est devenu un pilier fondamental pour leur équilibre de vie. Alors qu’auparavant, pour ces personnes, il était investi dans une moindre mesure, l’appauvrissement de la vie sociale et des projets connexes a recentré leur rapport à leur activité professionnelle, jusqu’à ce qu’elle constitue un élément déterminant de leur équilibre psychique.
Pour d’autre au contraire, la poursuite de l’activité professionnelle prend une coloration absurde. Ce sentiment peut être renforcé par le peu d’interactions avec les collègues ou les clients. L’effondrement de la valeur produite par ce travail, qui jusqu’alors pouvait permettre d’organiser des moments conviviaux, des voyages, etc. joue également un rôle.
D’autres encore voient depuis plus d’une année leur secteur sinistré. Ceux-ci sont confrontés à la difficile acceptation d’une situation subie, pouvant être anxiogène. Si, parmi eux, certains parviennent à se saisir de ce temps disponible pour construire un projet pour la suite par exemple, ou pour se former, l’inquiétude quant à l’avenir est, elle, largement partagée.
En marge de cela, il n’est pas rare qu’ « retour à la normale » inquiète déjà certains, dans un sentiment ambivalent, alors même qu’il est encore loin d’être annoncé par le gouvernement.
Que faire de ces observations ?
Finalement, chaque situation comprend ses spécificités, mais la difficulté qui se retrouve majoritairement dans le rapport des travailleurs à leur emploi se trouve dans le peu de soupapes de décompression qui viennent nuancer la place qu’occupe le travail dans la vie. En effet, les respirations qui ponctuent habituellement le quotidien, et plus largement les périodes de l’année, ont été grandement réduites.
Si cette situation, exceptionnelle, n’est pas amenée à durer dans le temps, elle dure malgré tout depuis suffisamment longtemps pour que des effets puissent être ressentis psychiquement. Si ceux-ci ont un fondement contextuel, ils peuvent également révéler chez certaines personnes des fragilités ou des souffrances qui étaient auparavant inconnues ou méconnues. Toute raison, même si elle peut paraître insignifiante ou anecdotique, justifie de prendre rendez-vous avec un psychothérapeute ou un psychanalyste. Dès lors que le désir de faire évoluer son rapport à son existence émerge chez un être, il valide la démarche de commencer une psychothérapie ou une psychanalyse.
Lorsqu’il n’est pas entendu sur le moment, ce désir persiste généralement jusqu’à ce que la démarche soit effectivement entreprise d’aller rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste. En effet, nombreuses sont les personnes qui, lors d’un premier rendez-vous, indiquent qu’elles avaient le désir de commencer une psychothérapie ou une psychanalyse depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, mais qu’elles n’osaient pas. Les raisons sont parfois financières ou logistiques mais bien souvent, elles identifient une peur à l’idée de changer de position subjective, une peur que leur vie ne commence à changer, sans plus pouvoir ignorer ce qui, jusque-là, faisait souffrir. cette responsabilité d’un être vis-à-vis de son propre désir commence bien dès la prise de rendez-vous avec le clinicien.
Chloé Blachère
Psychothérapeute à Paris 18è