Une tendance actuelle va d’en le sens d’une consommation de séances de psychologie.
Cette approche consumériste pousse certains à venir simplement pour une séance, ou quelques séances, sans prendre en considération la temporalité psychique qui elle, ne répond pas à cette logique. En effet, échappant à toute volonté de contrôle consciente, les symptômes psychiques, corporels ou organiques qui poussent un être à rencontrer un clinicien sont généralement présents depuis un certain temps, parfois même des années. Allant consulter, certains s’attendent à être réparés par le professionnel qu’ils rencontrent. Cette attente est d’ailleurs accentuée par certains courants de rééducation cognitivo-comportementales qui, sur la base d’un nombre de séances établi à l’avance et d’un programme de rééducation du symptôme, répondent à cette demande.
Toutefois, la singularité de l’appareil psychique humain nécessite que l’être qui en est le porteur puisse être partie prenante du traitement mis en place. Dans le cadre d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse, cela passe par quelques règles : venir à ses séances, associer librement ses pensées et régler les séances. Si elles sont observées par le patient ou le psychanalysant, le clinicien peut assurer le travail pour lequel il est sollicité et ainsi assumer la responsabilité de la cure – psychothérapie ou psychanalyse – qui lui a été confiée. Néanmoins, ces règles, en apparence simples, suscitent bien souvent un certain nombre de résistances : séances manquées par exemple, ou refus d’associer librement les pensées et donc, de dire les pensées telles qu’elles viennent à l’esprit, sans jugement et sans tri. Cette dernière observation est fréquente.
En effet, si l’application de cette règle peut apparaître évidente à certains, elle l’est bien moins pour d’autres, qui s’inquiètent dès que leur pensée s’éloigne de ce qui les a conduits à venir consulter, craignant de perdre du temps ou de faire fausse route. Si à première vue cette inquiétude peut sembler fondée, c’est bien pourtant de s’en éloigner, en consentant à dire les pensées telles qu’elles viennent, qui permettra que la cure avance, et avec elle, que les symptômes initialement présents diminuent voire disparaissent. Mais pour le constater, encore faut-il en faire l’expérience. Cela nécessite d’accorder un minimum de confiance au professionnel choisi pour conduire la cure et d’accepter de s’entendre soi-même dire toutes ses pensées, jusqu’aux plus gênantes ou désagréables.
Ce premier pas vers l’inconnu est bien souvent le plus difficile car par la suite, l’évolution positive qui peut être observée par les patients et psychanalysants eux-mêmes, dans la mesure où ils respectent ces quelques règles, ne tardent pas.
Chloé Blachère
Psychothérapeute à Paris 18è