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Qu’est-ce qui est appelé dépendance affective ?

Il est courant de lire ou d’entendre parler de dépendance affective. L’usage du terme semble faire de l’être ainsi qualifié l’une de ses caractéristiques. Lorsque c’est le cas, cette manière d’appréhender la dépendance à un autre ne se trouve plus questionnée et devient l’explication brandie aux difficultés pouvant être rencontrées dans une vie : « c’est parce que je suis dépendante affective que je suis manipulée par cet homme », « comme je suis dépendant affectif, je m’attache à n’importe quelle femme », etc. Elle vient bien souvent cautionner, justifier, expliquer, des situations de souffrance, ce qui a pour effet de les fixer ou de les répéter avec d’autres, plutôt que d’y mettre un terme.


Or, si ce type de lien à l’autre est empreint de souffrance, l’ériger comme une partie de sa personnalité et en faire une caractéristique de soi qui devient alors immuable n’offre pas la perspective d’une vie qui puisse être allégée de cette souffrance.


A l’inverse, l’appréhender comme l’expression d’une souffrance qui, par ce biais, est en train de se représenter, ouvre une voie possible à sa résolution.


Quelle est la visée d’une psychothérapie puis d’une psychanalyse ?

Qu’est-ce qui pousse un être à répéter un mode de dépendance à l’autre dans sa vie affective ? A quoi cela fait-il écho ? Que voile cette dépendance à l’autre ?


Au désir de ne plus souffrir qui signe l’entrée en psychothérapie peut se substituer le désir de savoir qui, lui, marque l’entrée en psychanalyse. Cette distinction marque, en elle-même, un type de rapport à l’autre où le clinicien (psychothérapeute ou psychanalyste) est investi psychiquement selon des modalités différentes. L’un attendra du clinicien des explications et la résolution de ses symptômes, l’autre engagera son être à construire des réponses aux questions qu’il se pose, sans plus attendre que ces réponses lui viennent de l’autre.


La psychanalyse ou la psychothérapie avec un psychanalyste vise la responsabilité de l’être. Selon la formule proposée par le docteur de Amorim, à sa sortie de psychanalyse, l’être construit sa responsabilité de conduire aussi sa destinée (1). Cette position, toujours en devenir, se distingue radicalement du fatalisme des discours selon lesquels une personne qui se dit dépendante affective le restera pour toujours. En revanche, il y a un prix à payer : celui d’engager sa part de responsabilité sans plus s’en décharger sur l’autre (parents, amis, conjoint, clinicien, patron, etc.).


(1) Amorim (de), F. « Un instant de vérité », le 1er novembre 2023, https://www.fernandodeamorim.com/un-instant-de-verite/


Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è