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Une récente étude, dont les résultats ont été communiqués le 29 août dernier dans un rapport de la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fait état d’une baisse significative de l’utilisation du préservatif chez les adolescents. En effet, entre 2014 et 2022, la proportion des adolescents de 15 ans ayant utilisé un préservatif au cours de leur dernier rapport sexuel chutait de 63 à 57% chez les filles et de 70 à 61% chez les garçons (1).



Par ailleurs, différents rapports européens font état d’une augmentation importante, cette année, du nombre de personnes atteintes d’infections sexuellement transmissibles (IST). La chlamydiose, la gonococcie ou la syphilis sont particulièrement représentées, leur transmission étant facilitée par l’absence d’utilisation du préservatif lors des relations sexuelles, en dépit des conséquences parfois sévères que ces infections peuvent entraîner, comme par exemple l’infertilité, des inflammations pelviennes ou encore des troubles neurologiques ou cardiovasculaires (2), en parallèle du risque de grossesse non désirée et d’avortements non sécurisés.



Dans ce rapport, le manque de prévention est mis en avant, identifié comme étant l’un des éléments pouvant expliquer ces chiffres. Or, dès lors, la question qui se pose est la suivante : pour quelle raison les majeurs, tout comme les institutions qu’ils constituent et qui les représentent, se dérobent-ils à leurs responsabilités auprès des jeunes générations ? Pour quelle raison, alors que les conséquences de rapports sexuels sans préservatif sont connues, un tel laxisme pour traiter un sujet aussi sérieux ?



D’un point de vue psychique, la théorisation proposée par Fernando de Amorim révèle que la haine, tenue le plus souvent inconsciente, peut, sous la pression des organisations intramoïques (qui correspondent à la résistance du Surmoi et au grand Autre non barré), se trouver agie dès lors qu’elle n’est pas dite (3). Cette théorisation est quotidiennement validée, notamment lorsque les majeurs se dérobent de leurs responsabilités en exposant leurs enfants (ou ceux dont ils ont la responsabilité) à des risques menaçant l’intégrité organique, corporelle et psychique de ces derniers.



Les conséquences de cette lâcheté – qui est d’abord lâcheté de l’être vis-à-vis de lui-même – ne peuvent se limiter à lui. En effet, cette lâcheté a inévitablement des conséquences sur l’entourage, et ce d’autant plus qu’il existe un lien de dépendance tel que celui qui lie des enfants ou des pubères à leurs parents.



Toutefois, la lâcheté n’étant pas une fatalité, un être peut également choisir d’être courageux et, ce faisant, explorer, au moyen de l’association libre de ses pensées en psychanalyse, la haine qui l’habite. Dès lors, il ouvre une voie libidinale autre, permettant à cette haine qui l’anime – le plus souvent à son insu – de faire retour et d’être associée librement. Elle n’est dès lors plus agie. En prenant soin de soi-même, il devient possible de prendre soin de l’autre, non seulement dans son discours, mais également dans ses actions.


(1) « Un nouveau rapport de l’OMS met en avant une baisse alarmante de l’utilisation des préservatifs chez les adolescents et un risque accru d’infections sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées », le 29 août 2024, https://www.who.int/europe/fr/news/item/29-08-2024-alarming-decline-in-adolescent-condom-use–increased-risk-of-sexually-transmitted-infections-and-unintended-pregnancies–reveals-new-who-report
(2) « Les adolescents utilisent de moins en moins de préservatifs », le 29 août 2024, https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/29/les-adolescents-utilisent-de-moins-en-moins-de-preservatifs_6298177_3224.html
(3) Amorim (de), F. (Dir). « Organisations intramoïques », in Manuel Clinique de psychanalyse, Paris, RPH Éditions, 2023, p.256.


Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è