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Faire une psychanalyse est-il toujours long ?

L’idée générale partagée par un grand nombre de personnes consiste à penser qu’une psychanalyse est toujours longue, et sans garantie que cela soit utile dans une vie. Pourtant, tout comme le temps que durera chaque séance au cours du traitement, ce n’est pas la durée d’une psychanalyse qui, à elle seule, va déterminer la qualité et la profondeur du travail psychique entrepris. Et de la même manière que Freud avait découvert que l’inconscient ignore le temps, c’est-à-dire que des souffrances vécues des années plus tôt continuent d’agir, même refoulées, avec la même force, le travail en psychanalyse progresse au gré d’une temporalité psychique dont la boussole principale sera la règle d’association libre des pensées.

Cette méthode, de dire librement les pensées qui viennent et de les associer entre elles, sans jugement, sans chercher à les expliquer ou à les comprendre avant de les dire, est en effet l’une des voies, aux côtés du travail des rêves, des lapsus ou des actes manqués, permettant d’accéder aux pensées inconscientes ayant été refoulées.


Il arrive régulièrement que des personnes ayant commencé une psychothérapie ou une psychanalyse décident, arrivées à un certain point, d’abandonner le travail engagé, exprimant parfois clairement qu’elles n’ont pas envie d’en savoir davantage sur elles-mêmes, qu’elles craignent ce qu’elles vont découvrir. Elles préfèrent alors se maintenir dans un inconfort et supporter les constructions de symptômes avec lesquelles elles vivent en se contentant, avec le travail entrepris, de l’apaisement temporaire éprouvé. Et en effet c’est une possibilité.



Pourquoi la psychanalyse peut-elle faire peur ?

Il peut y avoir de quoi avoir peur : laisser revenir à la conscience ce qui en a été rejeté pendant des années demande du courage, d’autant plus dans la mesure où il n’y a pas d’assurance à ce que ce mouvement inverse, opéré en psychanalyse, soit celui qui permettra de vivre une existence plus agréable, allégée des souffrances, psychiques ou corporelles, qui se sont accumulées.


Il y a aussi de quoi être inquiet du temps que cela demandera dans la mesure où la construction de voies psychiques alternatives à celles connues jusqu’alors – celle de la plainte, ou bien celle du symptôme – demande aussi le renoncement à une jouissance dont l’être n’est pas toujours prêt à se départir. Cela va entraîner plus ou moins de résistances au traitement, et expliquer le temps que demandera la traversée d’une psychanalyse, temps qui est toujours singulier. Ce temps ne peut être prédit à l’avance, c’est ce que doivent accepter le psychanalyste et le psychanalysant, c’est-à-dire l’être qui est en psychanalyse.


Seul celui qui a traversé sa psychanalyse a autorité à évaluer la pertinence du traitement qu’il a suivi. Or, ainsi que le fait remarquer le Dr Fernando de Amorim : « Le psychanalysant critique, conteste et réfute, tout au long de la traversée, la psychanalyse. C’est à la sortie de sa psychanalyse que le psychanalysant est radieux de l’avoir traversée. »


Chloé Blachère

Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è