Parmi les souffrances pouvant conduire une personne à rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste, la difficulté à se sentir indépendant affectivement revient fréquemment. Elle concerne les hommes comme les femmes, sans distinction d’âge.
La difficulté qui peut alors fréquemment être rencontrée est celle d’un manque de légitimité à aller consulter pour un motif qui leur paraît, à première vue, aussi banal. Pourtant, c’est le prisme de la souffrance qui, lui seul, légitime à aller consulter. En effet, un événement, une situation, une affection, va être vécu singulièrement et le comparer à d’autres ne modifie pas la manière dont il aura été vécu.
La dépendance affective est caractérisée par le fait de remettre à l’autre sa propre valeur et donc le respect et l’amour accordés à soi-même. Soumis au retour de l’autre, de nombreuses actions peuvent dès lors s’avérer problématiques : prendre des décisions sans demander l’avis de son entourage, ou bien entreprendre sans avoir obtenu en amont l’approbation de personnes proches, voici des exemples des difficultés que peuvent rencontrer les personnes qui se considèrent comme dépendantes affectives.
Ces personnes peuvent avoir, par ailleurs, une facilité à déléguer à d’autres leurs propres responsabilités, dans la relation de couple par exemple, en n’assumant pas leur responsabilité de s’occuper de leurs enfants par exemple, ou bien celle de gérer administrativement et financièrement leur situation, ou bien d’entretenir leur logement, ou bien encore de s’occuper de leur santé.
La difficulté à exprimer un point de vue différent de celui de leur entourage et la crainte du conflit que cette situation pourrait entraîner est également bien souvent présente ; et, en parallèle, certains observent leur facilité à se rendre responsable des situations qui ne vont pas, même lorsqu’elles ne les concernent pas. Il s’agit alors d’une expression de haine de soi qui, si elle peut agir à l’insu-même de la personne, ne tarde pas à se dévoiler lorsqu’une psychothérapie ou une psychanalyse est entreprise.
Par ailleurs, les personnes dépendantes affectives sollicitent fréquemment leur entourage pour être rassurées, réconfortées, c’est-à-dire pour obtenir ce qu’elles ne parviennent pas à se procurer pour elles-mêmes.
Elles peuvent également avoir du mal à poser des limites, pour elles-mêmes et dans leur rapport aux autres, et se sentent anxieuses au quotidien.
Enfin il n’est pas rare que des addictions (au sexe, aux jeux, au travail, à des substances toxiques, au sport…) soient associées à la dépendance affective.
Dépendance affective, peur de l’abandon, manque d’amour insatiable, le déclic qui pousse à rencontrer un clinicien est bien souvent un petit décalage dans la manière de regarder sa vie et sa propre histoire. Là où l’habitude était d’avoir le sentiment de subir les événements et les mauvaises rencontres, l’intuition d’être aussi pour quelque chose dans ces difficultés à être avec soi-même et avec les autres, même si cela peut produire une certaine frustration ou blesser l’orgueil, est alors une occasion d’initier un changement de positionnement. Les séances de psychothérapie ou de psychanalyse deviennent dès lors le lieu d’une exploration intime où, en associant librement ses pensées, les nœuds de souffrance pourront progressivement se dénouer, jusqu’à laisser place à la construction d’une vie qui permette de se sentir plus en accord avec soi-même.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è