Est-il possible de vivre sans contraintes ? Est-il possible de ne faire que ce que nous voulons, quand nous le voulons ? Et si cela est possible, l’est-ce dans la durée ?
Un certain nombre de personnes souffrent des contraintes qu’ils éprouvent dans différents domaines de leur vie. Si à ce sujet le cadre du travail revient régulièrement, il n’est pas pour autant le seul à exacerber ce sentiment de devoir supporter des contraintes au quotidien. La vie familiale peut également en être la source, à travers des horaires à respecter, ou encore la participation aux tâches domestiques. Mais même en amont de cette sphère restreinte, le rapport à soi-même et à son propre corps peut être vécu par certains comme contraignant : se laver par exemple, pratiquer une activité physique, ou prendre soin de son hygiène corporelle. De la même manière, prendre soin de son organisme en allant consulter son médecin généraliste ou des médecins spécialistes lorsque cela est nécessaire (l’ophtalmologue, le gynécologue, le dentiste, etc.) peut être vécu comme une contrainte particulièrement pénible, et de ce fait, sans cesse ajournée.
Cependant, lorsque les contraintes sont trop souvent repoussées ou déniées au profit du seul principe de plaisir, les difficultés peuvent rapidement s’accumuler, au point de produire l’effet inverse à celui escompté, à savoir rendre la vie difficile, parfois même aussi douloureuse. Avec le temps, les conséquences de cette manière d’organiser sa vie en veillant à s’affranchir de toute contrainte qui se présenterait, peut produire une souffrance psychique, en plus des complications sociales et médicales parfois déjà avérées.
Finalement, il apparaît donc que s’affranchir de toute contrainte relève davantage d’un idéal que d’une solution viable dans la durée, car toute manière d’organiser sa vie entraîne de toute façon, à un moment ou à un autre, un prix à payer. Lorsque sa propre responsabilité vis-à-vis de soi-même est reconnue et permet l’acceptation des contraintes identifiées comme propices à la construction de son existence, un pas est franchi dans son rapport non seulement aux autres, mais également à soi-même. Pour certains, ce chemin parcouru peut trouver dans la psychothérapie ou la psychanalyse un appui précieux.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è