La tendance actuelle va dans le sens d’une dévalorisation de la parole, la sienne et celle de l’autre. C’est par exemple le cas dans la pratique du « ghosting ».
En ne donnant plus signe de vie, en ne répondant plus à celui qui était jusqu’alors un interlocuteur, le silence est utilisé pour se dépêtrer d’une situation devenue inconfortable. Pour autant, elle n’est pas sans effet, tant pour le « ghosteur » que pour le « ghosté ».
Parmi tous les éléments en jeu dans cette pratique, il est à noter la peur que la rencontre avec l’autre peut faire naître chez une personne. En effet, l’altérité n’est pas toujours chose aisée et les difficultés à assumer un positionnement propre par rapport à l’autre peuvent être source d’appréhension, d’angoisse, de conflits psychiques, et peuvent faire naître de la frustration, de la colère, parfois de la haine de l’incompréhension qui, plutôt que d’être interrogées, trouvent leur résolution dans la fuite et l’abandon de toute communication.
Soutenir sa parole, une parole singulière, franche, respectueuse (ce qui n’empêche pas le désaccord), en son nom, requiert un courage certain. En effet, outre la pratique du ghosting, celle des pseudonymes sur internet et les réseaux sociaux est une autre manière de fuir ses responsabilités, d’abord vis-à-vis de soi-même, puis vis-à-vis de l’autre.
Ces différentes stratégies révèlent qu’assumer sa parole est loin d’être facile car cela implique d’accepter sa singularité et donc sa solitude fondamentale, prérequis à toute rencontre vraie avec un autre.
Le courage est un choix de l’être, une manière de se positionner dans le monde. Et ce choix implique la parole. La psychanalyse est un dispositif précieux pour qui a le désir de s’engager avec sa parole, une parole bien dite telle que l’y invite la règle d’association libre des pensées qui en constitue le fondement, premier pas vers la construction d’une existence désirante.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è