Lorsque le projet de parentalité est remis en question
Le 15 octobre 2022, un article du journal Le Monde faisait état du parcours de certains couples ne parvenant pas à avoir d’enfant naturellement. Après avoir emprunté en vain toutes les possibilités que la médecine et la société pouvaient leur offrir (don d’ovocyte, PMA, adoption), ceux-ci faisaient finalement le choix de construire leur vie sans projet d’être parent.
Dans ce même article, un professeur spécialisé et interviewé pour l’occasion expliquait que pour 25 à 30% des couples ayant recours à la PMA (Procréation médicalement assistée), ces tentatives restaient infructueuses.
Un vécu subjectif
Les questions, souvent oh combien douloureuses, qui se posent alors pour les personnes qui vivent un tel parcours, viennent interroger en profondeur la nature de leur désir et les limites qu’elles rencontrent : à quel moment faut-il lâcher ? à quel moment ce désir d’enfant devient obstination ? Ai-je raison de continuer à y croire ? Pourquoi est-ce important pour moi ?
Ces questions sont d’autant plus intimes que le conjoint avec lequel sont vécues ces différentes étapes peut les appréhender d’une manière très différente, avec une perception et une temporalité singulière, jusqu’à induire un sentiment de solitude au sein même du couple, sentiment qui peut alors être déroutant car perçu comme une menace pour la pérennité du couple.
Un horizon possible
Le difficile ajustement que certains rencontrent dans leur parcours de vie, entre leur désir et la possibilité de son accomplissement, peut venir ébranler profondément le sens qui était donné à son existence.
Il peut également être une occasion de définir – ou redéfinir pour certains – la manière de construire sa vie, comme c’est le cas pour les personnes témoignant dans l’article mentionné plus haut.
Pour certains, la rencontre avec un psychanalyste fait fonction de repère dans l’obscurité de la période vécue. Lorsque c’est le cas, le dispositif psychanalytique ainsi établi permet de s’autoriser à traverser la tempête intérieure qui jusqu’alors grondait à bas bruit, et ainsi lui permettre de se déployer, avec tout ce qu’elle peut comporter de déstabilisant et d’inconnu. C’est à partir de cette expérience que l’être va être à même de construire une existence apaisée, une existence qui tienne compte de son réel et articulée au désir qui l’anime.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è
