Commencer une psychanalyse est synonyme de responsabilité vis-à-vis de soi-même et d’engagement avec son propre désir.
Si c’est la souffrance qui conduit certains à rencontrer un psychanalyste, ça n’est pas le cas pour toutes les personnes qui initient cette démarche.
Alors que l’autre, en l’occurrence la personne à qui il est attribué une compétence spécifique, qu’elle soit médicale ou psychique, est régulièrement sollicité comme étant celui qui va apporter la solution à la difficulté rencontrée, qui va résoudre le problème, la rencontre psychanalytique est une invitation à se décaler de cette position. Il s’agit en effet, pour le psychanalysant – c’est-à-dire l’être en psychanalyse – de se saisir de cet espace psychanalytique pour construire sa propre subjectivité, en étant responsable de son désir. Il s’agit donc bien d’une construction singulière, et non d’un simple ajustement confié à un professionnel.
C’est bien à celui qui est en position de psychanalyste que revient la responsabilité de la conduite de la cure, mais c’est des associations libres du psychanalysant, c’est-à-dire de sa parole dite librement en séance, que va dépendre la progression de sa psychanalyse. C’est pour cette raison qu’une psychanalyse peut demander un certain temps, sans que celui-ci puisse être précisé davantage puisque cette durée varie en fonction de chacun. Ici, ça n’est pas à l’être de se plier à un protocole. Il s’agit au contraire d’une méthode mise au service de chacun, et modulée par le désir et les résistances rencontrées au cours du chemin. Car des résistances il y en a, issues de forces psychiques contradictoires, dont une partie, inconsciente, pousse l’être, parfois malgré lui, à se maintenir dans une position de souffrance et/ou de victime (de soi-même, d’un autre – parental, amical, sociétal –, du destin, etc.).
Certains font l’expérience d’une psychanalyse en ayant poussé la porte du premier clinicien de leur quartier, sans en avoir initié la démarche spécifiquement, et sans connaissance préalable de ce qu’est la psychanalyse. Dans leur cas et lorsqu’ils en ont le désir, c’est la souffrance qui les avait conduits à consulter qui participe à les faire grandir.
D’autres vont rencontrer un psychanalyste à dessein, mus par un désir de savoir, un désir d’être dans un rapport de vérité avec eux-mêmes.
Dans un cas comme dans l’autre, ce voyage introspectif permet de déjouer un certain nombre de leurres habituellement utilisés (une manière douloureuse d’être en relation, des addictions, des situations d’échecs à répétition, etc.) pour construire une existence heureuse et sincère, sans esquive des responsabilités que cela implique, vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis des autres.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è