Qu’est-ce que la peur de l’abandon?
La peur de l’abandon est régulièrement ressentie par des personnes devenues adultes. Elle se traduit généralement par une anxiété généralisée et quotidienne, un manque de confiance en soi, un sentiment de dépendance affective, de l’agressivité, un repli sur soi, etc. Toutes ces caractéristiques viennent perturber leurs relations aux autres, qu’elles soient affectives, familiales, professionnelles ou amoureuses.
Cette peur de l’abandon peut favoriser le développement de certaines pathologies telles que la boulimie ou l’anorexie, l’orthorexie, des symptômes dépressifs, des troubles digestifs, de sommeil, l’eczéma, les cystites, etc.
Elle oriente par ailleurs le type de comportement attendu de l’autre en le restreignant à sa seule réassurance, tant l’angoisse éprouvée est importante. Ce qui est alors attendu de l’autre, ce sont des paroles réconfortantes, des preuves d’amour, d’attention, du soutien, de la bienveillance, etc., que la personne ne parvient pas à s’accorder à elle-même.
Si le plus souvent, cette peur trouve sa source dans l’enfance, l’identifier ne résout pas pour autant la souffrance éprouvée, et ne permet pas de trouver des alternatives à certains modes relationnels douloureux répétitifs, pourtant identifiés comme tels.
A quoi servent la psychothérapie et la psychanalyse ?
Construire un autre rapport au monde et aux autres demande des efforts importants et peut nécessiter un certain temps. Pour certains, ce temps, avant même qu’il ne soit connu, est considéré comme trop long et décourageant. Pourtant ce temps n’est en soi ni long ni court. Il dépend simplement du désir engagé et des résistances rencontrées, qu’il importe de ne pas brusquer d’une manière qui pourrait sinon être violente pour le psychisme. Cela implique également de perdre un certain confort, même s’il est mêlé à de la souffrance et donc pas nécessairement reconnu comme tel : celui d’une situation connue, d’un mode intime et relationnel identifié, et par là-même, rassurant. Personne ne peut prétendre connaître à l’avance le temps que prendra un tel remaniement psychique.
Avec la psychothérapie et la psychanalyse, il s’agit donc bien d’une construction. En effet le modèle avec lequel un être fonctionnait, et identifié par lui comme n’étant plus opérant car générateur de trop de souffrance, doit être quitté pour que puisse être bâti, progressivement, et avec tous les efforts qu’un tel changement nécessite, un nouveau modèle, plus respectueux de soi-même, tout en l’étant des autres. Cela implique de perdre un certain confort, et le reconnaître fait partie de ce processus de changement.
Il s’agit donc finalement d’abandonner un fonctionnement, celui construit dans l’enfance, alors que le développement psycho-affectif était déterminé par une relation de dépendance réelle aux adultes, à commencer par l’autre parental. Ce processus, lorsqu’il est mené à bien, permet finalement la résolution de la peur de l’abandon, puisqu’en tant qu’être adulte et indépendant, il n’est plus possible d’être abandonné. Plus ancré dans le présent, il devient davantage possible et agréable d’aimer et d’être aimé, sans que la peur prenne le dessus et vienne dicter un certain rapport aux autres.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è