Les expressions de la souffrance
Il peut arriver, pour des raisons variées, de percevoir qu’un proche ne va pas bien. Les comportements par lesquels ce mal-être se manifeste peuvent se décliner de différentes manières. Pour certains, ce sera l’usage de toxiques qui fera fonction d’alerte (alcool, drogue, etc.), pour d’autres le déclenchement d’une maladie organique, pour d’autres encore, une perte d’énergie et un isolement progressif ou soudain. Ce pourra encore prendre la forme d’une phobie, d’une anxiété croissante, d’une hypocondrie, de difficultés professionnelles, d’échecs amoureux à répétition, de colères démesurées, de pleurs fréquents, etc. Dans tous ces cas et bien d’autres encore, malgré les alertes répétées de l’entourage, les personnes manifestant de tels comportements n’ont pas toujours conscience de la souffrance qu’ils éprouvent. Cela peut demander du temps et cette prise de conscience appartient à chacun et peut se produire à l’occasion d’un événement en apparence anodin.
Prendre conscience n’est pas agir
Un second temps et celui de la mise en mouvement. En effet, si la prise de conscience constitue une étape déterminante pour aller mieux (car comment chercher à aller mieux si aucune difficulté n’est identifiée ?), elle ne suffit pas à produire un mieux-être. C’est ce dont témoignent régulièrement des personnes qui, allant consulter en psychothérapie ou en psychanalyse, expriment qu’il s’est encore passé un certain temps avant que la démarche d’aller rencontrer un clinicien ne soit entreprise. Ce temps peut se compter en jours, en semaines, mais également en mois et parfois même en années. Ce temps, au cours duquel un être a pris conscience qu’il n’allait pas bien et qui n’y réagit pas pour autant, n’est-il pas une marque de la difficulté que peut demander la décision d’aller mieux ? Malgré la souffrance de vivre, pour beaucoup il apparait moins coûteux psychiquement de ne pas remuer des pensées douloureuses, parfois même insupportables. Mais combien de temps cette stratégie peut-elle être opérante ? Quels peuvent en être les bénéfices ? Et à quel coût psychique ?
Que faire lorsqu’un proche souffre psychiquement ?
L’entourage, s’il peut avoir une fonction d’alerte à l’encontre d’un proche en souffrance et l’encourager à consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste, ne peut se substituer à celui qui souffre dans la décision d’entreprendre le traitement. Lorsque la souffrance d’un proche devient trop insupportable pour ceux qui l’entourent, il leur est possible d’aller consulter pour eux-mêmes, et de parler la souffrance que peut produire celle qui n’est pas prise en charge, et l’impuissance qu’elle induit. Cette résonnance permet, si elle est traitée, de construire un nouveau positionnement qui ne soit plus articulé par la souffrance de l’autre
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è