La ménopause : un deuil de la sexualité ?
Une idée commune porte à croire que la ménopause est synonyme d’un appauvrissement de la vie sexuelle, voire de sa disparition. Sur quels éléments sont basés de telles croyances ? Un raccourci est-il tissé entre fertilité et plaisir sexuel, qui insinuerait qu’une fois la période de fertilité passée, pour une femme, le corps ne serait plus à même d’éprouver de l’excitation et du plaisir sexuel ?
Or nombre de femmes témoignent qu’il n’en est rien et que ce peut même être tout l’inverse qui se produit. Car chaque âge, chaque période de la vie voit naître un rapport singulier au plaisir et à la sexualité, et l’expérience de vie et la connaissance de son corps ne font qu’enrichir celui qu’une femme expérimente après la ménopause. La question de la perte, en lien avec la disparition progressive des règles, peut par ailleurs être vécu très différemment d’une femme à l’autre.
Ménopause : vers une nouvelle distribution de la libido
Ce préjugé persistant à propos de la sexualité féminine à partir de la ménopause prend ses racines notamment dans le lien procréation-sexualité qui a perduré pendant très longtemps, notamment au travers des religions.
Il a été renforcé par la surmédiatisation de la sécheresse vaginale qui, si elle est loin d’être majoritaire, induit chez les femmes de cette catégorie d’âge une confusion entre le renouvellement de leur sexualité et le désir qu’elles éprouvent, et le fonctionnement physiologique du corps à la ménopause. Ainsi, le vieillissement du corps que vient manifester la ménopause n’est pas synonyme d’une diminution de la libido. Cette dernière peut au contraire être distribuée d’une nouvelle manière, pour être dirigée vers des aspirations plus en adéquation avec soi-même. Loin de ne concerner que le champ de la sexualité, elle offre une possibilité nouvelle d’être intime de son désir.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è