Le remboursement des consultations chez le psychologue a été annoncé la semaine dernière par le gouvernement pour entrer en vigueur dès début 2022. Si cette nouvelle peut être perçue comme une avancée positive – et elle l’est sous certains égards, à commencer par une prise de conscience collective et reconnue par les autorités de souffrances psychiques nombreuses -, elle comporte également des risques, tant pour l’individu que pour la collectivité.
Le remboursement des consultations, à quel prix et pour qui ?
En effet, cette annonce de consultations prises en charge par la sécurité sociale implique nécessairement des frais imputés à la collectivité dont on connait par ailleurs la dette qui s’accroit, année après année. Comme un jeu de déplacement, le risque est de répondre à une situation problématique en en amplifiant une autre.
Cette décision gouvernementale constitue par ailleurs une réponse à la question des honoraires des professionnels, trop élevés pour une grande partie de la population qui, de ce fait, ne peut pas se permettre d’aller consulter un professionnel en ville.
En parallèle de cela, les services publics spécialisés en santé mentale font face à une telle demande qu’ils ne peuvent répondre positivement à chacune des personnes qui s’adressent à eux. Pourtant, pour bon nombre d’entre eux, l’urgence est là, et pour tous, une souffrance psychique qui justifie d’emblée qu’elle puisse être écoutée et prise en charge. Je pense particulièrement aux enfants, aux adultes isolés, aux étudiants.
Quelle alternative ?
Pour répondre à cette souffrance psychique sans que la question de l’argent soit rédhibitoire, le RPH (Réseau pour la psychanalyse à l’hôpital) – école de psychanalyse a mis en place, depuis 1991 et sous l’impulsion de son fondateur et actuel président Fernando de Amorim, une Consultation publique de psychanalyse (CPP) au sein de laquelle chacun des membres de l’école s’engage à recevoir des personnes en souffrance psychique, quelles que soient leurs possibilités financières. Cette éthique clinique permet de placer le travail psychique qui va être réalisé au cours des séances avant la question des honoraires du clinicien. L’articulation pouvant être opérée entre les possibilités financières de la personne, la valeur qu’elle donne à sa parole en séance et son désir de construire son existence lui permet petit à petit de se dégager des symptômes qui l’ont conduite à aller consulter.
Cette manière de penser le soin permet d’assurer le travail clinique auprès des patients qui en sont désireux, sans restriction induite par leur situation économique, tout en évitant un effet de vases communicants à une échelle collective, ce qui, à long terme, ne peut qu’entraîner de nouvelles difficultés. Qu’une personne puisse régler elle-même ses consultations, à hauteur de ses possibilités financières, constitue également un outil clinique précieux, responsabilisant pour l’être qui dès lors, compte avec son désir singulier
Chloé Blachère,
Psychothérapeute à Paris 18è