Partir pour fuir ?
Certaines personnes, pour la plupart trentenaires, voient émerger en elles au cours de ces années une envie d’ailleurs, de quitter leur vie telle qu’elle se déroule dans l’actuel. Il s’agit bien souvent de personnes dont le parcours de vie a entraîné, parfois sans qu’elles s’en rendent compte, une certaine lassitude, parfois même un ennui, en tout cas une insatisfaction qui n’a fait que croître et qui devient difficilement supportable lorsqu’elle est identifiée. En parallèle, le vide de sens pouvant être éprouvé crée un sentiment d’urgence à remédier à cette situation qui, elle, s’est pourtant bien souvent constituée progressivement, des années durant.
Ce sentiment d’urgence est bien entendu à écouter attentivement. Il est l’indicateur d’un malaise qui, s’il n’est pas considéré, courra le risque d’augmenter ou de se représenter sous d’autres formes. La tentation peut être celle de quitter tout ce qui, pour une personne, fait son quotidien, sans prendre soin ni de questionner ni même de construire ce changement de vie, que ce soit au niveau intime, affectif ou professionnel.
Les angoisses au travail
Cet attrait pour la rupture peut laisser entendre, en creux, une angoisse du vide, du manque, un idéal de vie très éloigné des aspirations réelles de la personne elle-même, une peur de vieillir, de voir la possibilité de choix diminuer et un avenir se dessiner plus nettement.
Quelles que soient les formes que ces angoisses prennent, le sentiment d’urgence qui leur est rattaché à vouloir changer de vie pour y mettre davantage de sens mérite d’être exploré. La psychothérapie et la psychanalyse constituent des dispositifs où il est possible de le faire. Ce travail clinique permet d’investir un espace d’élaboration des éléments inconscients ayant participé à la construction de ce sentiment d’urgence. Il permet de démêler ce qui constitue un véritable projet de vie de ce qui en constitue une fuite.
Chloé Blachère
Psychothérapeute à Paris 18è