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En allant rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste, certaines personnes s’attendent à payer pour du temps. Du temps de parole qui, de par sa durée, leur permettrait de « vider leur sac » et de se décharger d’un trop-plein devenu encombrant.


Des séances sans durée fixe

Une patiente racontait de sa première séance de psychothérapie qu’il lui avait semblé parler très longtemps alors que la séance n’avait duré que 15 minutes. Ce qu’elle avait exprimé lors de cette séance, jamais elle ne l’avait dit à quiconque auparavant, elle avait été très surprise de la puissance des mots qui sortaient de sa bouche et des associations qui lui étaient alors venues. Ce dont cette patiente témoigne, c’est que ce n’est pas la durée d’une séance qui détermine sa valeur mais bien l’effet d’une parole bien dite. Et cela, ce n’est pas la montre qui le détermine.
Ce principe, qui trouve ses racines dans la clinique, peut paraître déroutant à qui n’en a pas encore fait l’expérience. En effet, cette technique, si elle a fait ses preuves d’un point de vue clinique, est à contre-courant d’une pensée communément admise équivalant à réserver chez le psy un temps de parole qui dès lors n’appartient qu’à soi et dont on peu disposer de bout en bout. Pourtant ce qui conduit à consulter un psychiste est bien plus souvent une souffrance que le désir – en lui-même – de disposer d’un temps de parole déterminé. Pourquoi, dans ce cas, ne pas choisir de faire confiance au clinicien qui, lui, est formé à mener la cure à bon port (qu’il s’agisse d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse), notamment au moyen du maniement de la durée des séances ?


Parler plus pour aller plus vite ?

Un patient témoigne en séance d’un précédent travail psychothérapeutique : « C’était comme si je parlais sans entendre. » Ce que ce patient nous apprend, c’est que parler ne suffit pas. L’acte de parler n’est pas thérapeutique en lui-même. A cela s’ajoute le fait que parler longtemps ne permet pas d’avancer plus vite.
Néanmoins, si nous ne connaissons pas à l’avance la durée d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse, certains effets peuvent se produire dès le début de la cure. En effet, il n’est pas rare que certains patients (en psychothérapie) ou psychanalysants (en psychanalyse) témoignent de changements qu’ils observent dans leur vie, que ce soit sur eux-mêmes ou dans leurs relations avec leur proches, dans leur vie privée ou au travail. Ces observations sont autant d’indicateurs que le travail clinique s’engage dans le bon sens et que les efforts entrepris dans ce cadre ont une incidence bien réelle, concrète et satisfaisante dans la manière de vivre.


Qu’attendre d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse ?

Si certaines résistances demandent du temps, il en est qui cèdent plus facilement et contribuent ainsi à accepter que d’autres demanderont plus de temps. Lorsqu’un être fait cette expérience, lorsqu’il cède sur une volonté de rentabilité de son temps, de son argent, de ses déplacements dont il s’organise pour garder une maîtrise complète, lorsque il cède sur ces aspects pour s’engager dans cette rencontre progressive avec son désir de savoir, celui-ci s’accorde progressivement avec le rythme de son inconscient qui lui, ignore toute logique temporelle. Dès lors, il se saisit de ces rendez-vous avec le clinicien comme d’autant de rendez-vous avec lui-même, comme d’autant de balises qui lui permettent de construire une existence qui puisse résonner pleinement avec ce qui l’anime.


Chloé Blachère

Psychothérapeute à Paris 9è et Paris 18è