Si nous vivons en nous sachant mortels, nous cultivons le plus souvent l’ignorance que nous mourrons un jour.
Dans ce contexte, la mort d’une personne proche peut venir ébranler en profondeur un rapport au monde qui jusque-là, n’était pas questionné. Tout d’abord, le choc de cette mort entraîne généralement une intense douleur, qui peut paraître insurmontable. Tout, alors, devient pénible : dormir, se lever, se nourrir, travailler, voir des amis, etc.
Que se passe-t-il alors ? Comment se déroule un deuil et comment en sortir ?
Souffrance et transformation
Vivre un deuil peut générer une importante souffrance psychique. Face à cette souffrance, la rencontre avec un clinicien est souvent précieuse. Elle constitue l’occasion d’engager un travail sur soi-même dont les transformations – lorsque cette entreprise est menée à bien – auront des répercussions positives sur de nombreux aspects de la vie, qu’ils soient personnels ou professionnels. Mais tout d’abord, que se passe-t-il lors de la perte d’un être cher ?
Les différentes étapes du deuil
C’est d’abord une douleur intense qui est éprouvée jour après jour et qui donne la mesure de la perte de l’autre. Cette difficulté à poursuivre ses activités en ayant conscience de la mort de la personne aimée revêt un caractère insupportable et amplifie le sentiment de perte, le vide ressenti. Accepter que la vie se poursuit malgré tout est dans un premier temps difficilement acceptable.
Il peut s’en suivre des éléments dépressifs tels qu’une profonde tristesse, une souffrance qui semble d’abord impossible à apaiser, une certaine passivité en réaction à la perte de l’être aimé, une difficulté à prendre soin de soi, dans sa manière de se vêtir, de se nourrir, etc. Des troubles du sommeil peuvent apparaître.
Avec le temps, ces éléments se transforment en résignation, c’est-à-dire en l’acceptation de la disparition de l’autre. Avec elle, les nuances commencent à revenir et les moments de souffrance peuvent être adoucis par des moments de joie qui étaient auparavant devenus inexistants.
Enfin, ce temps peut finalement laisser la place à celui de la reconstruction, qui n’est autre que celui de l’intégration psychique de la mort de la personne chère. Les souvenirs et les moments passés avec cette personne trouvent progressivement leur place sans faire obstacle et le regard peut désormais et à nouveau se porter sur le présent et l’avenir.
Finalement, le deuil constitue un travail de séparation qui prend nécessairement du temps. Reconstruire sa vie, dans laquelle la personne décédée trouve sa place dans les souvenirs et le passé et non comme une figure qui subsisterait dans le présent, est un processus qui demande une certaine maturation non compressible.
Un premier pas pour aller mieux
Contrairement à la stratégie parfois adoptée pour faire face, éviter de parler de la mort ne la rend pas plus facile à vivre. Au contraire. De la même manière, la rationalisation ne permet pas au travail de deuil de se faire plus rapidement.
A l’inverse, venir parler librement ses pensées auprès d’un clinicien permet de traverser ces différentes étapes qui font suite au décès de la personne aimée. Cette initiative, éminemment personnelle, constitue également l’opportunité de transformer cet événement douloureux en une nouvelle connaissance sur soi-même et sur sa manière de conduire son existence.
Chloé Blachère
Psychothérapeute à Paris 18è et Paris 9è