Burn-out, harcèlement, échec… Pourquoi certaines personnes éprouvent-elles tant de difficultés face au travail ?
Si pour certains le travail est source d’épanouissement, pour d’autres il peut être générateur de souffrances. Les difficultés avec le travail peuvent prendre différentes formes : du burn-out (ou épuisement professionnel) à son opposé, le bore out (l’ennui au travail), en passant par des situations de harcèlement au travail. Ces différentes formes peuvent venir mettre en péril la conservation d’un emploi.
La quête douloureuse d’une place professionnelle
Pour certaines personnes, la difficulté semble résider dans leur capacité même à travailler. Cela peut se traduire par de multiples « explications » : les offres d’emploi ne correspondent jamais exactement à l’emploi recherché ou désiré, le salaire proposé ne convient pas, les compétences demandées sont trop importantes ou au contraire pas assez, leur candidature n’est jamais retenue, les entretiens d’embauche ne donnent pas suite, etc. A force de répétition, celles-ci ne viennent en fait qu’exprimer une difficulté profonde de trouver une place professionnelle.
Derrière la difficulté au travail, une angoisse
Si cette difficulté finit par se repérer, c’est qu’elle se répète. Souvent, elle vient masquer une angoisse plus profonde, invisible en premier lieu. Le déplacement opéré par l’inconscient entre la source de l’angoisse et sa manifestation au travers du travail ne semble effectivement pas couler de source.
« Aucune autre technique pour conduire sa vie ne lie aussi solidement l’individu à la réalité que l’accent mis sur le travail, qui l’insère sûrement tout au moins dans un morceau de la réalité, la communauté humaine », écrit Freud en 1915 (1). « La possibilité de déplacer une forte proportion de composantes libidinales, composantes narcissiques, agressives et même érotiques, sur le travail professionnel et sur les relations humaines qui s’y rattachent, confère à celui-ci une valeur qui ne cède en rien à son indispensabilité pour chacun aux fins d’affirmer et justifier son existence en société. L’activité professionnelle procure une satisfaction particulière quand elle est librement choisie. »
Ce court extrait permet d’appréhender la valeur donnée au travail en psychanalyse, dès ses débuts. Freud indique en quoi le travail vient ancrer chaque individu dans la société et parmi les autres, liant les différentes composantes inhérentes à tout être humain pour les sublimer. Le travail devient alors source de satisfaction et contribue à donner du sens à l’existence.
Dénouer le nœud qui fait obstacle
Nous comprenons alors en quoi, à l’inverse, l’incapacité à s’inscrire professionnellement peut être générateur de souffrance et venir se chroniciser, renforçant le manque de confiance en soi et la dévalorisation, et sapant ainsi les tentatives de reprise du travail. Devant ces difficultés, la rencontre avec un psychothérapeute ou un psychanalyste peut permettre de remonter à la source de cette souffrance et de dénouer ainsi le nœud ayant fait obstacle jusqu’ici à l’accès au travail.
Chloé Blachère
Psychologue clinicienne et psychothérapeute à Paris 18e et Paris 9e
1. FREUD S., 1915. Le malaise dans la culture, PUF, Quadrige, 2011.